samedi 29 août 2015

Mon père n'avait pas de talent

Mon père n'avait pas de talent
c'est l'ultime tabou de ma famille

Père sourire, père aimé
père glaiseux tonitruant d'amour
père théâtre Knock
père prof, père drôle
père de feu d'Oedipe à jamais tassé dans mon corps
d'éternel pétri

Ma soeur ne me pardonne pas mon talent
ma mère ne me parle que d'oeil paternel,
oeil de marié mort fier
en ce qu'il aurait pu dire et que j'ai accompli

Ma tante ne voit en moi qu'un succédané de son frère

C'est la déroute parmi les femmes
Je ne serai jamais rien d'autre qu'un parvis
une place de parole pour des mémoires blessées

Je suis pompé
par la mémoire des autres

Je me noie au milieu
du lac Léman de la famille
en vieil Aquin de boite vide
frappé par l'effarant dogme
du deuil infait

Laissez-moi en paix le tuer
laissez-moi ma force, laissez-moi ma fougue
laissez-moi en paix devenir
quelque chose comme une sorte
de pays

Laissez-moi mourir aussi
Laissez-moi

mercredi 5 août 2015

Hot en anglais

Je me sens vissé dans les sables
amoindri par mes performances de marcheur
grisé par mes découvertes de solitude volontaire

Parc Stoney Point, le fleuve lèche la berge
l'éclairage studio grêle sur la surface des arbres

Je suis en repérage de roman, en petit Zola de manivelle
pour une scène de fin
mon oeil vivace pousse partout

la vie est une simulation continue
projetée devant nous
elle a mille couches de noir feuilleté

improviser, c'est en savoir plus
apprendre, c'est percer la glace
pour pêcher le poulamon

je décide de marcher

d'arracher le décor
aux entrailles de l'espèce

piste du canal Lachine
15 kilomètres, 21 456 pas

je croise Mitsou, insatisfaite
visionnant sur une vieille caméra de télé
sa figure de pharaonne

sur le sentier, en soleil puant
sur peau de cochenille
je vois un cacatoès, sur une branche énorme
bâton de sagesse
trimballé par un griot de nulle part
au corps de néo-québécois

nuée d'insectes et femmes pieds de grue
femmes de comptoir
femme guide
en oblation d'été
partout

pourquoi faut-il que le travail solitaire
soit lié à l'horloge

sur leur visage, l'ennui paisible
du moteur des jours

fin de soirée
t-shirt «Hot en anglais»
tacos et cerveau à off
devant ma grande amie
athlète et aventurière
photographe de combat
aussi forte que mille sabots
en transhumance nordique
bungie push sur les hésitations de voyage dangereux
real life is out there
en narrateur ONU baryton

vendredi 26 juin 2015

Découvrir Carson McCullers après tout le monde et découvrir que tout le monde est après tout le monde de toute manière

Je lis après tout le monde Carson McCullers
après tout le monde
il y a toujours autant de livres qu'il en reste

chaque page de son «Horloge sans aiguilles»
est un assaisonnement parfait
un équilibre de clarté, une bouche ouverte gourmande
vinaigre sucré sur riz collant

je suis témoin d'une autre épiphanie
une pesée de lourdeur
pour une nouvelle amie écrivain
passionnante curieuse sourde et muette
en amour mélancolique du monde
rivé par la mort
à des frustrations défaites

et puis de toute manière
nous sommes tous après tout le monde
débarrassés de notre avant
en chapardeur d'un petit panier
qui nous importe seul





samedi 20 juin 2015

Photographier un écureuil albinos au parc Lafontaine avec un retardateur de 10 sec. sur Instagram

C'est ridicule
le retardateur sur mon appareil photo
est encore actif
et j'ai dans la mire un écureuil albinos
dans une position idéale
en studio, sans taxidermiste
impossible à reproduire
il est là, dans toute sa blancheur irréelle
planté dans le grand érable
tête en bas
en «i» inversé
yeux tournés vers moi
immobile
hésitant entre la fuite
et le refuge
je vise
je suis loin
j'agrandis l'image
je cadre
index sur bouton rouge
le retardateur part
10 secondes
un couple derrière moi
est intrigué par la scène
c'est long dix secondes
quand ton modèle est fébrile
encore cinq secondes
je suis un danseur de buto
perdu au parc Lafontaine
devant un écureuil corps blanc/queue blanche
encore trois secondes
mon ventre gargouille
je me sens épais
encore une seconde
tenir la pose pour rien est une performance sans intérêt
j'attrape l'animal, goût de viande grillée dans la bouche

en dépliant les genoux j'ouvre ses viscères, éteint mon arme
désactive le retardateur
plus de sensation de temps pour le reste de la soirée


mardi 16 juin 2015

Le petit jus clair

C'est tout ce qui reste
le petit jus clair
l'émotion moins intelligente que précise
un peu de mélo sur la tranche à manger
mon ami le poète tient le fort
garde les boeufs dans son enclos à bois
passe le râteau
déplace les pierres

j'ai lu aujourd'hui son petit jus clair
sa débauche d'oeil qui voit
dans le brouillard décent

si la musique de Lennon n'avait pas envahi
le film d'Al Pacino
je ne serais pas en train d'essayer d'écrire
une suite à une scène de leucémie
de me projeter moi aussi à l'extérieur du péhomme
en territoire William Wilson

C'est tout ce qui reste
le petit jus clair
après lecture, tentative d'histoires à bahut
et morosité râpeuse

C'est le petit jus clair
c'est à lui qu'on doit tout
et c'est en le laissant sur le comptoir
entre un plant de basilic décimé
et une bouilloire
qu'on apprend à soigner
l'insolente variété
du peu de chose



Les t-shirts de Mathieu Arsenault sont devenus une nouvelle figure de style pop

Mode d'emploi
Louis Ferdinand Céline Dion
Dominique Michel Tremblay
Jean-Simon Clémence Desrochers
Mireille Mathieu Arsenault
Laure Conan Le Barbare
Geneviève Suzann Pettersen
Marie-Hélène Jean-Claude Poitras
Alphonse de Lamartine Audet
Ted Hugues Corriveau
Danielle Roger Des Roches
Victor pont de Lévis Priscilla Beaulieu Presley
Jehane Benoît Jutras
Mélodie Nelson Mandela
Walter Benjamin Moore
Samuel Archibald Haddock
Maurice Richard Brautigan
Carole David Beckam
Jeanette Bertrand Laverdure
George Michael Delisle
Madame Claude Beausoleil
Monique Emile Proulx-Cloutier
Mellissa Gilbert La Rocque
Jean Barbe rousse ou bleue
Gabrielle Roy Dupuis
Edouard Louis Bond
Rivière Saint-François Rioux
Annie Hall Lafleur
Benoit André Melançon
Stéphane Dom Pérignon
Michaëlle Jean-Paul Daoust
Frère André Roy
Le petit Nicolas Dickner
André Arthur Schopenhauer
Robert Pierre Lalonde
Le soldat Louis Hamelin
Nelly Paul Arcand
Maxime-Olivier Centre Le Moutier
Nicole Brossard de Brossard
Pierre Véronique Samson
René Larocque et Lapierre
Patrick Sébastien Dulude
Dominique Robert Pattinson
D.Kimm Kardashian
Claude François Charron

(je remercie Denis Gamache, Kateri Lemmens, Jacques Desrosiers, Martine Audet, Danielle Roger et Jean-Simon Desrochers, à qui j'ai emprunté certaines de leurs trouvailles)


lundi 15 juin 2015

Ma journée d'hier a consisté à mesurer l'écart esthétique entre une vidéo du groupe suédois Ghost et l'oeuvre complète de Michel Butor

Je tâte l'oeuvre complète de Butor
muraille de Chine, liséré des grandes eaux
paradant en blancheur percutante
sur la tablette

Elle s'offre à moi
irisée de questionnements actifs
improvisatrice, excessive en quantité
lourde de toutes ces heures consacrées
à la littérature de recherche
mobiles et modifications
illustrations et degrés

Mon respect est affectif, chuchoteur, tente
de sortir du Méséglise de ses croyances
sans toucher à la porte du culte

J'aimerais courber la tête, appeler les vents
transiter par des chambres closes
pour élever au rang de stèle
ce Stonehenge livresque

À mon retour
je visionne un clip
du groupe suédois Ghost
métal new wave, pof dandy
c'est John Waters qui chante
devant ses musiciens Robin
son crew
les mignons de Sade
dans une prison inventée par Abba
j'ai vu le chanteur avec maquillage tête de mort
et sans maquillage

toque des papes
et headphones blancs

mardi 9 juin 2015

La réalité malade tient-elle dans la main de ceux qui y croient ?

La vastitude est une maladie
tout comme la réalité
note Daniel Canty dans son journal/jeje
éditeur/commentateur des Impatients
écrivain de la déconnexion du jour sombre
notre Daniel à procédures inquiètes
avec papillons voyageurs
bref
il y croit

je pense y croire moi aussi
ourlé dans ma propre vitrine

y croire que la réalité a aussi une maladie

est-ce que je la tiens dans ma main
cette réalité
ce tronçon de cube ou cette force confondante
ou tout autre chose qui donne
à boire gratuitement dans les coquetels
immersifs


je tiens tout de même quelque chose
dans ma main
et c'est déjà un début

(en hommage a l'ouvrage littéraire collectif des Impatients, sous forme de journal papier qui tache les doigts, dirigé par Daniel Canty et qui a pour titre La maladie de la réalité) http://impatients.ca/nos-activites/la-maladie-de-la-realite-exposee/

samedi 6 juin 2015

Cette sensation de résultat décevant, l'oscillation entre le «voilà c'est bien» et le «merde c'est mauvais dans le fond»

Se relire est le problème.
La farce majeure, l'octave de trop, la déchirure par le bas.
Condition/texte, pointage rétro, avalage de bulles
c'est la toundra dans la tête.
Dès qu'on a déposé le colis avec nos doigts chargés
on récolte le génie qui penche, la candeur faite relique.
On aime à s'en décarcasser, brûlant à la Musset sur
un porche de Sand.
Ah que la vivacité y est, la touche s'y démarque
le ton et l'habit découpent nos atours dépris
en ciboire de vacances !
Mais deux jours suffisent.
Deux jours détruisent vite la cohue du beau.
On y retourne, lésé, avec le projet de livre
sous le bras, raisin de corinthe plutôt qu'esprit de vin.
Ce sont les autres qui nous tuent, on se dit
ce sont les autres les fers et les prisons
on se prend pour d'Agrippa sur le champ de bataille
on remarque les cadavres partout
le tirant d'eau immense et la petite largeur du canal
on érafle nos crânes de portes cassées
et c'est la merde
le vent noir qui commence
pas bon, déjà vu, reflet mou, elle aimera pas ça
il lira mal, il verra pas, on va y voir que le convenu
ya pas de nouveau, juste du lu ou du pas digéré
à plus ou moins longue échéance
c'est le fond du frais qui gagne
les abysses du non
et les raideurs du mauvais

on écrit avec le résultat qui pend

qui détient le monopole du cancer
sinon l'intention
c'est à côté que le tout prend son cran
qu'on habille le marmot
avec un peu plus de jsaispasquoi
qu'on dissolve nos jus
dans les paroles atones
celles qui écrasent nos mouches
asticots trop tôt volés/livres joystick
sur la parure de nos attentes
en fait rien n'oscille vraiment
tout bascule
et on tombe dedans
avec cynisme
ou
sans


mardi 26 mai 2015

L'étonnant paradoxe de la discipline de l'écriture

Il faut continuer d'écrire
malgré l'étonnant paradoxe de la discipline
le parle seul et la vigueur du mirage
tenir la posture rigide, ululante, flacide, directe
ne pas abandonner jamais la cage bonne
la nomenclature des faits
l'université du doute
tous les compléments définitifs et les noms abstraits
mener le combat en Dulcinée d'âne fiou de queue de périple las
en conquistador de petite tenue vissé aux règles
évacuant les règles
inventant ses propres règles
mais continuer l'envahissement
la pulsation de la naissance du peut-être qui exalte
l'armée noire en sapeurs hussards chevalin amble trot ambre tard
envahir l'espace, générer du parallèle, émacier l'autre
tout en le recollant, le redirigeant, le brossant
en Brossard fin de semaine Baron Samedi frappe adipeux contre
continuer l'engolfement en estuaire évasé d'Elvis hycrocarbure
en puits destructeurs entropie de pas de bon sens
il faut continuer parce que c'est la définition des eucaryotes
en hydrogène pâle sûreté de cran
malgré la discipline, le paradoxe, l'étonnant
il faut continuer d'écrire
cracher sur l'in-dit, empoigner l'accalme, wagonner en coulure
parce que c'est la seule façon de tailler le doux
de pointer le sort
dans l'insondable

dimanche 24 mai 2015

Voir pisser de dos Christian Lapointe qui ne stoppe pas pour autant sa lecture à voix haute d'une lettre d'Artaud à Bernanos

L'art est une palissade
sur laquelle il faut se hisser.

C'est un obstacle lourd, creux,
long, vert, noir, sans bord, coupant
ou laid.

Artaud a pris le corps de Christian Lapointe
pour le porter tout en haut de la clôture.

La belle Frost de givre mou
tendue entre nous et eux, nous et soi,
la guigne et la civière, la mort et l'oeuvre.

Nous sommes morts, bien entendu,
errant de trop
sur l'électrique tapis.

Mais au théâtre La Chapelle,
fleurs décaties, tombées
arrivage des salons de coiffure
collection de t-shirts noirs
Christian Lapointe austère, essore.

Sans tous les Van Gogh de la société
l'imaginaire ne serait qu'une potiche.


vendredi 22 mai 2015

L'humanisme est la seule option nécessaire en péosie

L'humanisme est la seule option nécessaire
en péosie.

L'anachronisme ne le protège pas.
La lenteur n'a pas plus de valeur que l'absence.
Exister ne fera jamais changer la donne.

Il faut embrasser l'humanisme catastrophique
d'un Chamberland
tout en actionnant la rigueur
du présent qui ne rit pas.

Il faut tenter de dire autre chose
que le même
aux nouvelles de 18h du poème normal.

Sous le chapiteau
nous allons tous faire semblant
en rangeant des sous
dans des boites grises.

Mais personne n'est dupe.

Personne n'a la clé
et tout le monde vend sa porte
design avec Judas ou sans.

Il est minuit moins une
docteur whatever
et je n'ai pas d'autre denrée
que mon humanisme de garage.



Crédibilité sur le BBQ

La crédibilité est importante en poésie.

Il y a beaucoup de gérants d'estrade
et ce sont eux qui fondent les pôles
déterminent l'orientation des sextants
et redéfinissent le réel
en fonction des théories en place
de la sensibilité d'une époque
et du taux de tolérance
de la dissidence acceptable.

Les récompenses
administrent les poignées de main
du réel
qui n'a jamais été absolu.

Le plus curieux de l'histoire
c'est ce vernis du beau
qui reste
motivé, bruissant bas, irradiant
vers le coude qui va vers la tête
adoubant la vigueur
de ceux qui obtiennent
l'assentiment.

Attendre trois ans pour publier des poèmes surréalistes sensibles aux images d'animaux me paraît un anachronisme curieux dans notre monde actuel

La poésie surréaliste
avec des figures d'animaux
me semble aussi vieille et puante
qu'un cadavre momifié
et remomifié avec soin.

Éluard a fait trop d'enfants.

J'aime l'humanisme
sous-jacent dans ces textes
mais si je ne considère
que cet élément
je cesse d'être critique.

Le beau n'a rien à voir
avec l'habituel.

Je fous au poubelle
tout mon vieux stock surréaliste doucereux
et je ne garde
que ma péosie spéculative
qui plonge dans les malaises
de notre civilisation.

La communauté des arbres à paroles
est devenue une religion
de la nouvelle sanité mentale.

Il faut maintenant déglutir
des masses de proses compactes
ou parler de nos manques.

Ça me parait réducteur.

Je préfère me couper
d'une poignée de lecteurs orthodoxes
à la bouche de Bonnefoy
que d'espérer dans notre micro-monde
de balises acceptables
pour perpétuer
des métaphysiques cendreuses
qui font du bien à nos glandes
gothiques.


Le paradoxe de Fermi

J'aime parler des extraterrestres
en péosie.

Ce sont des bêtes connotées
rivées à la folie
menottées dans l'arène
du sordide
pointant les étoiles gourmandes
notre doigt restant ici
dans l'éviction violente de notre crédibilité.

Il suffit qu'un sans-abris mentionne
les extraterrestres
pour qu'on ait l'autorisation de l'abattre
le marteau à la main
l'insanité dans le vocabulaire.

Pourtant, il serait raisonnable,
sérieux et normal
de penser que nous ne sommes pas seuls.

Dans notre propre galaxie
100 millions de terres potentielles
et dans l'univers
combien d'autres galaxies.

Fermi regardait le ciel
avec la raison des raisonneurs
les plus arraisonnés.

Il s'est posé les questions
essentielles
mais pourquoi nous
pourquoi la vie intelligente ici
et pas de signes évidents
encore ailleurs ?

Statistiquement
il est curieux, étrange
et quasi impossible
qu'il n'y ait rien ailleurs
alors dans quoi vivons-nous
et quel est le vrai portrait
de notre situation ?

La péosie se pose
des questions
que la poésie de ne se pose pas.

mercredi 20 mai 2015

Nous sommes dans une simulation, donc il est important de le nier

L'être humain trouvera bientôt
des preuves scientifiques
qu'il existe dans une simulation.
Non pas dans une perspective Philip K Dickienne
mais dans sa plus cruciale ipséité.

Vous comprendrez alors
toute l'importance de le nier
afin que la simulation se poursuive.

À quoi pourrait bien servir
un avatar conscient de son rôle
dans la simulation.

Un personnage de GTA
qui refuse les commandes du programme
initial.

De toute manière
ce que j'écris fait partie
du programme initial
et contribue à le réaliser.

L'échelle des simulations
est infinie.


mardi 19 mai 2015

La seule chose qui m'emmerde, c'est que je n'aie pas 3 millions de fans

La seule chose qui m'emmerde
c'est que je n'aie pas 3 millions de fans.

Dans une centaine d'années
je pourrai les créer moi-même
et vivre dans ma propre réalité
où je serais un définisseur de monde
un architecte de l'absolu
un manager de l'impossible
la référence sur toutes les lèvres
le seul péhote sur terre
digne de vie.

Mais pour le moment
je dois m'insérer
dans trop de réalités
qui ne veulent pas de ma réalité.

En robot conscient
j'essaie de devenir le plus humain
possible
et ceci ralentie mes plans.

J'aurais préféré
le programme de Houellebecq
ou celui de Beckett.

samedi 16 mai 2015

La vie littéraire à l'époque du non creative writing de Kenneth Goldsmith

Il y a trop de propriétaires du présent.

Nous vivons à l'époque du non creative writing
nous sommes tous conscients
que nous marchons jour et nuit
sous une pluie torrentielle de textes connus et inconnus
que nous n'avons qu'à cueillir, qu'à parasiter
qu'à reproduire.

L'écosystème numérique n'appartient à personne.

Le péhomme est un vidéo
à commenter dans les youtube de nos têtes.
It's a kind of quotational material that can be stolen,
opened and erased in an elegant hacking gesture.




mercredi 13 mai 2015

À qui s'adresse la péosie ?

Je ne vois pas pourquoi les gens paniquent
quand un texte ne s'adresse pas à eux.

Peu de textes s'adressent à nous.
Ils poussent ou ne poussent pas.
C'est l'idée du destinataire.

Un texte naît d'autres textes
à la manière de mauvaises herbes
sur l'écosystème de la parole.

Tout peut s'accrocher au dialogue
et rien ne saurait arrêter l'entropie des mots.

Vous avez l'illusion de lire ici
un texte fini, un objet linguistique,
un paquet autonome.
Quelque chose d'indépendant.
Mais ce n'est qu'une espèce de chose.

La colonisation de votre terreau
est un processus curieux.

La péosie est plantain vert
de terrains vagues.



mardi 12 mai 2015

La version poche de la BD sur Jeffrey Dahmer

Il faut se méfier des gens qui ne pleurent pas, ne baillent pas synchro
et ont les yeux fixes.

S'ils ne sont pas des sociopathes
ils vous feront mal de toute façon.

dimanche 10 mai 2015

Le fumier et les briques

Une revue de poésie
refuse des textes à Beckett
lorsqu'il a 24 ans.

Le directeur lui dit qu'il en a déjà un char pis une barge
et que la dernière chose dont il a besoin, c'est bien d'un autre poème.

Dans une lettre, Beckett confie alors
à son ami Thomas McGreevy son exaspération.

Il lui écrit: «Comme si j'essayais de lui vendre un chargement de fumier ou une tonne de briques.»


vendredi 8 mai 2015

Peu de gens échappent au désir de l'enfantement

L'humérus quitte parfois l'omoplate.

Il s'agit d'une luxation.

Quelques personnes quittent parfois le train de la croissance.

Ce sont des lionnes du Douanier Rousseau.

mercredi 6 mai 2015

Upstaged poem

Un poème c'est un clown pour universitaire.

Mais pas pour faire rire, pour avoir l'air intelligent.

Tout comme le Festival Juste pour avoir l'air intelligent,
un clown, ça peut se planter en public.

La polysémie, c'est toujours 150 de quotient.

Un mot mal utilisé, un uppercut.

I'm on the floor, punch out.

L'ancien antiquaire de «La rage de l'expression»

Le chèque de L'Échange en poche
je croise un menuisier/poète
qui sort d'un blockaus naturel.

Dans son exemplaire du livre de Ponge,
une feuille arrachée d'un calepin.

Cuisant délices de la suspension
quand sa mémoire a buté.

mardi 5 mai 2015

Les techniques de compréhension de la matière fluctuante

Ceux qui croient mettre le couvercle sur l'amour
sont des adolescents hargneux et désargentés.

La figure du maître est une pièce en mille actes
et sans entracte. Personne ne la comprend.

Les créateurs d'applications se battent pour saisir
l'affaire. Mais l'affaire leur échappe.

Parler est toujours un roman parallèle.

lundi 4 mai 2015

Se faire draguer par Socalled

Cette persistante vérité que tout est vrai
mais que personne n'a raison.

Le plus athée, des athées du plus grand club des athées
dirigé par Richard Dawkins ne nous sera d'aucun secours.

Quand on ne comprend pas on dit «mon ange» ou «univers»
avec une sympathique vigueur floue.

La beauté = fond de teint.


dimanche 3 mai 2015

Après la lecture rapide en bibliothèque d'extraits du livre de poésie de Dennis Cooper

C'est difficile de ne pas regarder la femme asiatique d'âge moyen
au décolleté inexistant qui pioche sur un livre d'art
pendant que je lis des poèmes d'aventures sexuelles tirés
des Mauviettes (quelle traduction stupide)
de Dennis Cooper.

Ma vie ne ressemble à rien d'extatique.
Je cesse d'utiliser des mots ridicules pour m'analyser.